Petites réflexions à propos de tout et de rien sur comment vivre au 21ème siècle en dédramatisant autant que possible presque tout sans quoi la vie serait rapidement étiquettée comme éphémère à plusieurs niveaux

dimanche, novembre 12, 2006

Le Survivant

Parlons-nous des vraies affaires...
Depuis fort longtemps, la survie n'était pour moi qu'un mot de la même famille que le nom du groupe qui chantait la chanson-thème de Rocky III, Eye of the tiger, Survivor... Depuis samedi, c'est autre chose...
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Je suis bénévole depuis peu pour Leucan. À date, je n'ai pas fait grand chose, si ce n'est que de rendre visite aux enfants pendant leur traitement à l'hôpital il y a 2 semaines. Avec mon merveilleux horaire IKEA de prof, je fais ce que je peux avec ce qu'on me donne... Bref, pour vous mettre en contexte, Leucan, c'est un organisme qui me tient à coeur depuis que j'ai enseigné à un élève en 2003 qui était atteint de leucémie, en maternelle. Dès le premier jour d'école, Jean-Michel m'a adopté et même s'il n'a pas pu venir à l'école régulièrement avant le mois de janvier à cause de ses traitements, je gardais contact avec lui par Internet et j'allais le voir à l'occasion chez lui. Quand il a reçu son dernier traitement, en novembre 2003 (si ma mémoire est exacte), sa famille avait organisé un match de hockey amical et m'avait invité (moi qui pourtant patine sérieusement comme un sévère cul) et le "p'tit verrat" m'a fait braillé sur la patinoire ce soir-là en chantant au début de la partie et en comptant un but avec l'aide de tous ses fans. Heureusement pour ma virilité, je portais une grille et tout le monde n'y a vu que du feu ! Finalement, tout ça pour dire que c'était quelque chose et que lorsque je parlais avec cet enfant, j'avais parfois l'impression de parler à quelqu'un de mon âge tellement il était mature. J'ai gardé contact avec lui et sa famille pendant quelques temps puis dernièrement, on s'était un peu perdu de vue.
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En fin de semaine, Leucan "roulait" les cennes noires récoltées le soir de l'halloween par les élèves de 54 écoles de l'Estrie. Je tenais à aller y faire un tour, question de donner un coup de main, en roulant moi-même une couple de rouleaux. Et à ma grande surprise, Jean-Michel et sa famille étaient là. Évidemment, j'ai passé mon après-midi avec eux, renouant un peu depuis le temps. Jean-Michel se souvenait très bien de moi, à mon grand bonheur ! Il est maintenant en 3ème année, a grandi et est pas mal moins gêné qu'à l'époque, quand il avait 5 ans et qu'il ne savait ni écrire ni lire ou presque. Il me jasait ça comme si on se connaissait depuis toujours et me racontait pas mal tout ce qu'il avait fait depuis notre dernière rencontre. Et encore une fois, il a bien failli me faire pleurer (mais évidemment, étant un homme, je ne pleure pas en public parce que ça ne fait pas très viril... Hahaha) en me racontant comment il était parvenu tout dernièrement à assister au concert privé de Nicola Ciconne, un de ses sinon son chanteur préféré et comment la chanson "Le Survivant" lui avait été dédiée ce soir-là. Ça m'a fait du bien de le voir sourire, de le sentir en forme et de l'écouter parler de ses nouveaux problèmes de cour d'école et de petites filles, plutôt que de l'écouter me raconter son dernier traitement... Ça m'a fait du bien de rouler des cennes noires pendant 2 heures en ayant la certitude d'être à ce moment-là à l'endroit de Sherbrooke où le niveau de bonne humeur, de sincérité et de reconnaissance étaient les plus élevés.
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Je ne sais pas trop finalement pourquoi j'ai besoin de parler de ça ici avec du monde qui ne me connaisse peut-être même pas, mais je tenais à le faire quand même, afin de ne pas être la seule personne à remettre en question sa définition du mot survivant...
à Jean-Michel